Les médias face à leur destin

"Une forte sélection par l’argent, concernant les concours payants comme les frais de scolarité, éloignerait une grande partie des minorités ethniques", des école de journalisme analyse Florent Reyne dans Respect magazine, rejoignant ainsi un constat déjà fait par d'autres en France et aux Etats-Unis. C'est un problème en effet, d'abord en ce qui concerne l'égalité des chances sur l'accès à ces postes là comme à bien d'autres. Mais aussi parce que la presse est en crise et qu'il n'y aura jamais trop de monde pour réfléchir à la façon de réinventer, si ce n'est notre métier, tout au moins un ou des modèles économiques qui vont lui permettre de perdurer.

Dans les médias, comme en toutes choses, on s'enrichit de nos différences.

Et ce qui est valable pour les hommes, quelle que soit leur couleur de peau, l'est aussi pour les femmes. 

Comme dirait Coluche: " Y en aura même qui seront noirs, petits et moches, et pour eux ça sera très dur ! " Alors, imaginez pour une femme noire, petite et moche!

Je comprends ce qui motive la recommandation du projet de loi. Mais pourquoi s'adresser aux seules écoles de journalisme? «Un enseignement sur l'égalité entre les femmes et les hommes». dans les écoles de commerce, de marketing, de pub, l'ENA et autres lieux propices à la reproduction de l'habitus machiste serait tout aussi légitime, sinon plus. Et ainsi, toutes les écoles d'enseignement supérieur seraient à égalité. Des écoles.qui font des hommes les cadres  "naturels" de nos entreprises, tout comme les écoles d'infirmières et de sage femmes ne font pas assez de place aux hommes. L'égalité, c'est dans les deux sens!

Lire aussi cet article du Monde: http://www.lemonde.fr/societe/article/2014/01/28/loi-egalite-hommes-femmes-le-coup-de-gueule-des-ecoles-de-journalisme_4355870_3224.html

Pour Aïcha Barkaoui, chercheure, professeure à la faculté de lettres de Aïn Chok (Casablanca), «les femmes se heurtent à des possibilités d’avancement plus limitées. Les femmes ne peuvent pas monter dans la hiérarchie professionnelle, car dès qu’elles sont recrutées, on les dirige vers des emplois sans avenir».

Ce n'est pas très différent dans les médias français... malheureusement pour femmes, de quel côté de la Méditerranée que l'on se place. 

"Nous assistons aujourd'hui à un phénomène absolument décourageant : le retour en arrière", regrette Françoise Laborde, une ancienne journaliste, présidente de l’association Pour les femmes dans les média, qui est également membre du CSA.

A quelques jours de la sacro-saine journée des femmes, un Collectif de femmes journalistes voit le jour "pour une juste représentation des femmes dans les médias et l'égalité professionnelle dans les rédactions". Y'a du boulot!

Comme il est dit dans le Manifeste, "non seulement nous sommes plus touchées par la précarité, mais nous nous cognons aussi au «plafond de verre» : plus on monte dans la hiérarchie des rédactions, moins on trouve de femmes. Plus de 7 directeurs de rédaction sur 10 sont des hommes. Quant aux salaires, ceux des femmes journalistes restent inférieurs de 12 % en moyenne à ceux de leurs confrères".

Il aura fallu une grève spontanée des signatures des journalistes femmes, le 7 juin dernier, en protestation à des nominations encore et toujours masculines, pour que l’électrochoc se fasse enfin.

Laura Berny, chef du service finances devient rédactrice en chef des Echos.fr et Cécile Cornudet (qui faisait le boulot sans en avoir le titre jusque là), est enfin nommée éditorialiste politique.