Les médias face à leur destin

Le Guardian passe devant le New York Times en ligne avec 42,6 millions de visiteurs uniques âgés de 15 ans et plus en septembre, contre 41,6 millions pour le site du NYT, selon le TOP10 des marques de presse évaluées chaque mois par comScore.Notons toutefois que le classement n'inclut pas les personnes qui ont visité ces deux sites via des appareils mobiles, qui représentent un segment de plus en plus important de lecteurs.

Classement

10e > le Washington post fait son entrée dans le TOP 10 avec 25,6 millions de visiteurs uniques par mois.

6e > le NYT

5e> le Guardian

4e > Le tabloïd Daily mail (Ang) avec 55,8 millions de visiteurs uniques par mois.

3e > China daily avec 56,4 millions.

2e > le Quotidien du peuple avec 89,1 millions.

1er > Xinhua Agence Nouvelle avec 90,2 millions.

Les trois premières places à la Chine, c'est logique pour le pays le plus peuplé de la planète.

Complément d'info de Stratégies.fr

D'après Comscore, l'audience en ligne du Guardian a augmenté de 12,3% par rapport au mois de septembre, alors que celle du New York Times n'a progressé «que» de 8%, à 41,6 millions.

Le leader mondial, tous sites d'information anglophones confondus, reste le Huffington Post (AOL), avec 68,5 millions de visiteurs uniques. En dehors du monde anglophone, le Chinois Xinhua News Agency est leader (90,2 millions de visiteurs) de ce classement, qui ne prend pas en compte les applications mobiles.

Point d'interrogation sur le Huff Post qui n'est pas cité dans l'article en anglais.

Les unes du Wall Street journal, du Guardian et du Toronto Star refaites en fonction de ce que les internautes ont partagé.

Résultat, ça change beaucoup, notamment pour le Guardian.

Le 31 janvier, le Guardian a révélé les images de la destruction des ordinateurs, des disques durs et des cartes mémoires qui contenaient les dossiers confidentiels fournis par Edward Snowden au quotidien. Les faits se sont produits le 20 juillet 2013, sous la surveillance de deux techniciens des Government Communications Headquarters, équivalent britannique de la NSA, Un acte douloureux pour les trois rédacteurs en chef qui ont dû procéder à la destruction, afin d'éviter la fermeture du journal.

Il y a de quoi se poser des questions sur le vieil adage qui veut que les journalistes soient les piliers de la démocratie, mais aussi sur la réalité de cette démocratie dans laquelle nous vivons.

Le Guardian dévoile son processus de fabrication de l'info et invite le lecteur à participer en venant carrément au journal, ou via Twitter (hashtag #opennews) ou par mail via newseditor@guardian.co.uk.

Malgré ces gros “coups”, une mondialisation du lectorat en ligne, une offre qui évolue et une indépendance reconnue, les ventes du Guardian, le célèbre quotidien anglais de centre-gauche, ne cessent de baisser : en juillet, il s’en écoulait chaque jour en moyenne 191 182 exemplaires contre 240 000 à l’automne 2011.

Une restructuration en perspectives?

Deuxième étape du développement de Christophe Lachnitt sur le métier de journaliste, plus philosophique celui là, "le journalisme, imparfaite recherche de la vérité, relève de l’éthique de responsabilité alors que l’activisme, imparfaite recherche de l’idéal, tient de l’éthique de conviction". Il s'appuie en cela sur l'exemple de Glenn Greenwald, qu'il range dans la catégorie des activistes plutôt que dans celle des journalistes même si Greenwald est éditorialiste au Guardian. Pour mémoire, c'est lui qui a recueilli les confessions d’Edward Snowden à propos du système de surveillance d’Internet mis en place par la NSA (National Security Agency). 

Simon rogers, l’ancien éditeur du Guardian Datablog, démarre une nouvelle mission chez Twitter début mai. Un data éditor de son acabit serait "capable de faire ressortir des schémas d’usage à grande échelle, des méthodes d’analyse et de détection des tendances, ou encore des circuits type de propagation de l’information inter et intra communautés", selon "Le blog de la veille".

En bref...

> 30% des Américains adultes s’informent sur Facebook.

> Les mobiles assurent désormais la moitié - et souvent plus - de la consommation en ligne des médias d’informations.

 > 80% du trafic de Facebook est mobile, 75% sur Twitter.

Mais...

> L'audience est sur Facebook et les journalistes sur Twitter.

> Sur Facebook, les utilisateurs lisent 60% plus que les utilisateurs de Twitter, mais ceux de Twitter reviennent à 35% plus que ceux de Facebook, indique Chartbeat.

A l'heure où de plus en plus de titres passent au paywall en France, le patron du Guardian estime qu'il est trop tard pour que son journal suive ce chemin. Difficile en effet de ne pas heurter de front des lecteurs qui ont pris l'habitude de la gratuité.

Malgré tout, Andrew Miller ne voit pas les moteurs de recherche comme des ennemis, bien au contraire. Il pense que la presse doit s'adapter au web plutôt que de continuer à protéger son ancien business model. 

Qui a raison? Qui a tort? Le marché ne tardera pas à livrer son verdict.

Cela dit, voici une infographie très instructive pour appuyer le point de vue d'Andrew Miller: http://www.vincentabry.com/le-nouveau-journalisme-passe-par-les-reseaux-sociaux-infographie-34154

Le Guardian a enregistré une hausse de 25 % en un an de ses revenus tirés du numérique. 

"Même lorsqu'ils ont été bâtis sur de saines fondations, avec les meilleures intentions du monde, la plupart des mouvements politiques finissent par pécher par excès, et par se discréditer. Le socialisme est passé par là. L'anticommunisme également. Le libéralisme, le conservatisme et le libertarianisme s'en sont plusieurs fois rendus coupables. C'est aujourd'hui le tour de l'antiterrorisme."

Le journal norvégien Aftenposten lance encore un appel à Cameron : "Monsieur le Premier ministre, vous avez toutes les possibilités pour arrêter cette croisade dangereuse contre la libre expression. Nous, les médias nordiques, qui avons si souvent trouvé de l’inspiration et du soutien au Royaume-Uni dans notre travail, sommes très inquiets. Montrez-nous que l’action contre The Guardian n’était qu’un faux pas momentané."

Aux Etats-Unis, un sondage de l'université de Quinipiac publié le 10 juillet indique pourtant que 55% des Américains interrogés considèrent Snowden comme un lanceur d'alerte, contre 34% qui le voient comme un traitre. En attendant, la bataille entre journaux autour de l'affaire Snowden continue.

Fidèle à son habitude, Christophe Lachnitt dissèque les innovations de la presse sans avoir beson de tirer à la ligne. Clair, net, précis, il livre son verdict en quelques mots. En l'occurrence, je partage son scepticisme sur l'expérience (aussi sympathique qu'elle soit) du Guardian coffee, une "initiative qui n’apporte pas une réelle valeur ajoutée par rapport aux relations que le journal peut nouer avec ses lecteurs sur les réseaux sociaux et qui n’est pas, étant donnée l’équation économique des bars à café, reproductible à grande échelle". 

Le Guardian a un nouveau data editor. James Ball a pris la suite de Simon Rogers. Il a répondu aux questions de Ask media à l’occasion du Festival international de journalisme à Pérouse.

Le Guardian emploie quatre data journalistes, sur le Datablog mais aussi sur des projets à plus long terme.

Le Guardian vient lancer une plateforme qui permet aux lecteurs qui veulent être contributeurs de soumettre directement du contenu aux journalistes qui conviennent via leur smartphone.