Les médias face à leur destin

 Marten Blankesteijn, co-fondateur de Blendle, invité cette semaine par le CFJ. Ses conseils sont détaillés dans cet article de Barbara Chazelle:

1. Etre fun et aussi simple que de payer une appli

2. Les marques restent importantes

3. Mais besoin d’un meilleur journalisme

Le docu #PresseSansPapier d'Arte a bien préparé les esprits.

Johan Hufnagel, arrive de Slate.fr à Libération le 1er septembre:

Les phrases clés

- "Le choix de me nommer numéro 1 bis, c’est celui de mettre Internet au cœur du journal"  

- La priorité du titre, c’est Internet, Web et mobile..

- Le journalisme en 2014 requiert des investissements lourds dans les nouvelles technologies et il faut reconnaître que Libération a déjà pris beaucoup retard dans ce domaine-là

- Quand vous avez un article qui est très partagé, très cliqué, et que le temps passé dessus est important, vous pouvez considérer que les données indiquent qu’il peut s’agir d’un contenu de qualité.

- sur l’influence, sur les contenus de qualité, il y a un créneau.

- Je pense que pour les sites d’infos de qualité, il faut dépasser les premières questions que pose une actualité (qui ? quand ? où ?), pour aller vers le comment et le pourquoi.

- RESEAUX SOCIAUX  : Si Facebook et Twitter fonctionnent aussi bien dans la distribution de l’information, c’est parce que les lecteurs estiment que leurs amis/followers sont plus à même de sélectionner le bon contenu, ou du moins celui qui va les intéresser, et parce qu’il aura été validé par des pairs, la charge de la défiance envers les journalistes étant du coup moindre.

Aux Etats-Unis, le nombre de journalistes en presse quotidienne traditionnelle a baissé de 16.000 en six ans, de 2006 à 2012, alors qu'il  y a eu 5.000 créations d'emplois, dans le même temps, dans le journalisme numérique. Si les nouveaux outils permettent de produire plus, avec moins de monde, c'est malheureusement souvent au détriment de la qualité... sauf exception comme Mediapart, preuve que la qualité du contenu est maintenant plus importante que le contenant. En outre, ce qui n'est pas dit dans cet article, c'est que ces journalistes web sont généralement moins bien payés que leurs aînés.

J'ai déjà partagé dans ce topic des articles évoquant la sortie d'une application, accessible gratuitement depuis la nouvelle version de la Kindle Fire, la tablette d'Amazon.

Plus intéressante me semble-t-il est la deuxième partie de cet article du Figaro. On y apprend par la bouche de Martin Baron, rédacteur en chef du Washington Post depuis 2013, que les capitaux apportés par Jeff Bezos ont permis l'embauche d'une centaine de journalistes, en échange de la réduction de certains avantages sociaux pour l'ensemble de la rédaction... mais surtout que ces sacrifices leur ont amené une forme de sérénité quant à leur avenir, et donc que "l''optimisme est contagieux». En d'autres termes,  "revivifié, le quotidien a sorti ces derniers mois de nombreuses enquêtes, dont l'une a conduit à la démission du directeur des services secrets américains. Ce bond qualitatif s'est traduit par une forte hausse des audiences sur Internet (+63 % en un an) mais aussi par la restauration d'une réputation perdue depuis de nombreuses années".

Voilà au moins une preuve que la qualité paie, mais que pour faire de la qualité il faut investir.

 David Servenay rebondit sur l'interview de Johan Hufnagel, le nouveau patron bis de la rédac de Libé.

Extraits

- La seule plus-value éditoriale d’un journal papier réside désormais dans sa capacité à me surprendre -par l’originalité des sujets traités- et à me proposer un traitement riche, en longueur, avec du sens et un bon travail d’édition.

- Deux Libés papier par semaine, avec uniquement du long, du dense, de la qualité : j’achète. Le reste du temps, je serai aussi un client assidu du site, mais là-encore, pas pour avoir l’eau tiède que je trouve partout ailleurs. Au contraire.

Au-delà du rôle de la presse qui est effectivement de discriminer ce qui peut faire sens, Le Plus pose les bonnes questions: "Est-il possible, alors, de développer de manière économiquement soutenable un autre modèle de médias numériques, plus libres dans leur rapport à la technique et au temps? Un modèle répondant à un désir réel de qualité au sein de la population, dans lequel, par exemple, le journaliste se distinguerait par la consistance de sa production, par une vision et une signature?"

Extrait:

"Ce traitement dans l'urgence et sans recul de l'information nuit à la fonction du journalisme qui est une médiation et non une « immédiation ». C'est un « remplissage » qui sert plus à contenter un public de consommateurs que de citoyens."

Commentaire:

D'accord avec Philippe Lefait, c'est le contenu qui fait la différence, tout au moins un contenu de qualité pour lequel il y a encore des gens prêts à payer.