Les médias face à leur destin

Interview de Serge July, cofondateur de «Libération», à l'occasion de la sortie de son livre (900 pages): «Dictionnaire amoureux du journalisme».

Lire aussi cet article dans Telerama "Le journalisme de A à Z avec S comme Selfie, mais sans I comme Internet".

Le docu #PresseSansPapier d'Arte a bien préparé les esprits.

Johan Hufnagel, arrive de Slate.fr à Libération le 1er septembre:

Les phrases clés

- "Le choix de me nommer numéro 1 bis, c’est celui de mettre Internet au cœur du journal"  

- La priorité du titre, c’est Internet, Web et mobile..

- Le journalisme en 2014 requiert des investissements lourds dans les nouvelles technologies et il faut reconnaître que Libération a déjà pris beaucoup retard dans ce domaine-là

- Quand vous avez un article qui est très partagé, très cliqué, et que le temps passé dessus est important, vous pouvez considérer que les données indiquent qu’il peut s’agir d’un contenu de qualité.

- sur l’influence, sur les contenus de qualité, il y a un créneau.

- Je pense que pour les sites d’infos de qualité, il faut dépasser les premières questions que pose une actualité (qui ? quand ? où ?), pour aller vers le comment et le pourquoi.

- RESEAUX SOCIAUX  : Si Facebook et Twitter fonctionnent aussi bien dans la distribution de l’information, c’est parce que les lecteurs estiment que leurs amis/followers sont plus à même de sélectionner le bon contenu, ou du moins celui qui va les intéresser, et parce qu’il aura été validé par des pairs, la charge de la défiance envers les journalistes étant du coup moindre.

Le Monde veut «s’adapter aux évolutions de notre métier».

La réorganisation de la rédaction devrait ainsi permettre de jouer sur plusieurs tableaux:

- Lancement d'une «nouvelle offre éditoriale du soir», à 19 heures.

- Renforcement du décryptage, sur le site internet , sous le label «Décodeurs».

- Création d'un nouveau dispositif participatif.

- Renforcement de la vidéo, avec une nouvelle chaîne techno, ou encore le lancement d’une chaîne Etudiants.

- Refonte de l'offre mobile.

Un utilisateur de téléphone mobile sur quatre paramètre des alertes sur des applications de news ; et avec les réseaux sociaux, "les internautes jouent un rôle actif sur la circulation de l’information : 17% des Français y partagent des actualités", rapporte Mediametrie.

En voilà une bonne nouvelle! 91% des Français suivent l’actualité au moins une fois par jour... grâce à internet... qui les a habitués à ne pas payer. Reste à inverser la vapeur. Première tentative avec les paywalls. Pas sûr que ça marche si les journaux n'augmentent pas leur niveau de qualité.

"En lisant les données d’AT Internet, indiquant un recul de l’audience des sites de 3.7% sur 2013, j’ai compris à quel point les systèmes anti-tracking et les bloqueurs de publicités étaient en train de se généraliser sur les navigateurs", explique  Denis Szalkowski dans son blog. 

Et pour cause, l’étude de Incapsula a montré l'an dernier que 51% du trafic ne serait pas d’origine humaine et que Google Analytics ne verrait au final que 10% du trafic des sites.

L'association de la Presse Régionale d'Information en Ligne (PRIL) réunit une trentaine d'entreprises de presse en ligne, membres du SPIIL, implantées en régions. Les adhérents de la PRIL ont décidé d'interroger leurs lecteurs, près de deux millions de personnes, afin de mieux les connaitre. Questionnaire en lien dans cet article d'Enviscope.

Internet représente "moins de "5%" du chiffre d'affaires de RTL... pour le moment. 

Lancement prévu début 2014. Le numérique représente aujourd’hui 8% du chiffre d’affaires global du groupe La Dépêche du Midi..

Extrait:

Mediapart "approche les 81.000 abonnés actifs individuels payants, davantage que le nombre d'abonnés tous supports de Libération, qui est de 72.000", a-t-il ajouté. 

Le Monde a lui "50.000 abonnés payants" sur la zone payante de ses sites, a indiqué Sylvie Kauffmann, directrice de la rédaction du Monde, qui participait au débat.  

"Aujourd'hui, pour financer les brocolis, vous avez besoin de gâteaux ! " disait David Clinch, le patron de Storyful, lors de la conférence de l'ONA à Atlanta. Eh bien, pour son premier jour, la version française de BuzzFeed, BuzzFeed France, "affiche plus de confiserie que de légumes verts" comme le dit Eric Scherer ! 

"Regardez vos comptes Twitter et Facebook, résume Dao Nguyen responsable du développement de BuzzFeed, ils sont remplis de sujets sérieux, de scoops, de reportages de qualité, et d'autres qui le sont moins, souvent drôles ou émouvants". 

Avec un journaliste ou deux pour rajouter du fond, peut-être qu'il y aura plus de légumes verts. Cela dit, il n'est pas dit que le mix de culture web et de contenus sociaux ne plaira pas aux jeunes Français dans sa version low coast. 

Lire aussi l'article beaucoup plus dubitatif du Monde http://www.lemonde.fr/actualite-medias/article/2013/11/04/buzzfeed-france-se-lance-a-sciences-po-le-choc-des-cultures_3508074_3236.html

Celui d'Erwann Gaucher  http://www.erwanngaucher.com/article/04/11/2013/buzzfeed-debarque-en-france--pour-le-meilleur-ou-pour-le-pire-/1152

Celui de l'Observatoire des Médias http://www.observatoiredesmedias.com/2013/11/04/buzzfeed-se-lance-en-france-mais-est-ce-du-journalisme/#.UnfpILh7nLs.twitter

Celui du Nouvel Obs http://leplus.nouvelobs.com/contribution/965815-buzzfeed-6-mythes-rendant-les-medias-francais-hermetiques-a-l-innovation.html

Celui de RFI http://www.rfi.fr/technologies/20131105-buzzfeed-vocativ-vice-brain-topito-upworthy-gorafi

 Celui de Télérama http://www.telerama.fr/medias/les-10-bonnes-et-mauvaises-raisons-qui-pourraient-faire-marcher-buzzfeed-en-france,104730.php

Et de nouveau Le Monde qui, dans cet article du 8 novembre, met cette fois de l'eau dans son vinaigre sur BuzzFeed http://rezonances.blog.lemonde.fr/2013/11/08/pourquoi-certaines-recettes-de-buzzfeed-sont-aussi-bonnes-a-prendre/

Contrepoint d'une blogueuse dans le Nouvel Obs le 13/11: http://leplus.nouvelobs.com/contribution/967953-le-buzz-fast-food-pour-les-medias-un-melange-des-genres-qui-dessert-la-presse.html

Iconoclaste, Cenk Uygur « porte le fer contre l’establishment et les medias officiels » dans son émission politique qui cartonne sur internet auprès des jeunes Américains. Les résultats sont sans appel. Leurs spectateurs ont en moyenne 35 ans, quand ceux qui suivent les informations politiques sur Fox News tournent en général autour de 71 printemps. Sur CNN, la moyenne d’âge est de 68 ans, sur MSNBC, de 64 ans… Surtout, l'audience cumulée des shows politiques de The Young Turks atteignent un million et demi de spectateurs grâce à un positionnement à gauche - « liberal » comme on dit aux US - clairement assumé. 

Le journalisme engagé n'a jamais eu autant le vent en poupe. Mais Cenk Uygur agit-il vraiment en journaliste en faisant son one-man show?

Extrait

> "l’information n’est pas morte, et le désir d’information reste même fortement présent chez les Français. Ainsi, près de 97 % d’entre eux sont lecteurs de presse, tous supports confondus. Ils sont 61 % à la lire sur Internet (fixe ou mobile) et 94 % sur papier."
Commentaire

> Eternel problème, qui accepte de payer pour s'informer?

Selon une autre étude que j'ai lue, en France, 12% des gens sont prêts à payer pour s'informer sur internet (11% aux Etats-Unis). Plus d'infos sur le rapport Digital news report 2014, du Reuters institute.

Plus d'infos sur l'étude de Xerfi Precepta sur les "Stratégies des médias numériques". 

Olivier Schrameck, le président du CSA, a tenu des propos rassurants sur France Culture pour beaucoup d'acteurs du net.

Selon une étude de Publisuisse, 83,2% des Suisses âgés entre 15 et 74 ans utilisent Internet à des fins privées. Ce pourcentage tombe à 37,8% pour la presse quotidienne et à 20,4% pour les gratuits. Et pourtant, la presse écrite garde la plus grosse part du marché publicitaire, preuve que les annonceurs n'ont pas encore totalement fait leur mue. 

Votre personnalité mise en fiche, ça vous intéresse? Juste pour être conscient du revers de la médaille. Enfin, il paraît qu'il ne faut pas s'inquiéter,  le MIT travaille à construire un New Deal autour des données. "A partir d'une implémentation d'OpenPDS, du côté de l'opérateur de données, le MIT imagine un service de requête permettant de protéger l'anonymat des données, tout en permettant de les utiliser" nous apprend Le Monde.

Mouais, à voir.

«Dans le cadre de la priorité donnée à l'accélération de la stratégie de développement numérique du Monde», explique sa directrice Natalie Nougayrède, Vincent Giret «conduira le pilotage de la transformation numérique, afin de construire une seule et même rédaction, qui alimentera tous les supports».

Le contexte: un recul des recettes publicitaires presse de 10,1% sur les 9 premiers mois de 2013 et une baisse de 5,1% de la diffusion payée France (275 132 exemplaires par jour en moyenne, dont 32 845 exemplaires vendus en version numérique, un record dans la presse française).

Les nouveaux médias sont les grands gagnants temps passé chaque jour à s’informer au détriment de la télévision.  Télé qui, tout en restant en tête, a reculé de 41% à 35% dans son « apport informatif». C’est donc sur toutes les sources liées à Internet que les gains sont engrangés (tablettes, téléphones portables, ordinateurs…) puisque de 7 minutes il y a six ans, le temps passé à s’informer via ces supports est désormais de 19 minutes chaque jour.

Pour parler de l'évolution du métier de journalisme, Jérôme Bouvier, le médiateur de Radio France, Matthieu Beauval en charge de l'innovation des nouveaux médias au sein de Radio France et Arnaud Mercier, responsable du master webjournalisme de Metz.

Podcast de 14'16

Extraits:

"Beaucoup d'études soulignent l'impact d'Internet – lequel peut être positif ou négatif – sur le comportement de l'internaute à la recherche d'informations sur un produit/service, une marque, une organisation, une personne ou un employeur."

"Répondre à l'instantanéité qu'exige une présence sur le Web fait désormais partie intégrante d'une stratégie de communication, il est donc nécessaire de savoir comment une marque peut anticiper et gérer une communication de crise sur Internet."

L'innovation du journal toulousain est une première dans le milieu de la presse quotidienne régionale, en proie à la crise du support papier.