Vallées d'Aure & Louron - Pyrénées

C'est devant une salle comble que le coordinateur scientifique du Géoparc du Sobrarbe, Anchel Belmonte Ribas, a entamé, hier soir, sa conférence sur les lacs glaciaires des Pyrénées.
Il était invité, ainsi que sa traductrice Charlotte Bouguet, par l'association du Livre Pyrénéen d'Aure et de Sobrarbe dans le cadre de l'exposition rendant hommage au pyrénéiste Ludovic Gaurier (exposition visible à la Maison du patrimoine jusqu'au 8 septembre).

Son propos, très accessible pour le grand public présent, a consisté à nous montrer que la montagne changeait. Changement naturel par le passé mais également anthropique, depuis la révolution industrielle.
Témoins de ce changement, les lacs de montagne qui constituent en quelque sorte une boite noire du climat enregistrant par le dépôt des matières minérales et résidus organiques en leur fond, l'évolution de l'environnement proche.

Après avoir expliqué comment se formaient les lacs de montagne sur le plan géologique, Anchel a précisé le travail qui était effectué par son équipe à travers le projet européen REPLIM 

Grâce au financement des fonds POCTEFA, celui-ci regroupe des chercheurs des deux versants du massif qui analysent le fond des lacs et les processus de contamination de ces derniers (pollution de l'air, pratiques de loisir, pêche ...).

Philippe Villette

Les lacs pyrénéens sont "le canari dans les mines de charbon*", un outil fondamental pour l'étude du changement climatique. "Si nous sommes capables de changer ou d'altérer les écosystèmes en haute montagne, explique Blas Valero, chercheur à l'Institut d'écologie des Pyrénées, nous sommes, probablement en train de modifier les écosystèmes du monde entier.

Valero est responsable du Réseau d'observatoires des écosystèmes sensibles au changement climatique dans les Pyrénées (Replim), qui surveille sept lacs des Pyrénées aragonaises depuis l'été dernier : Acherito (Ansó), Tramacastilla, Marboré et Urdiceto (Bielsa), Cregüeña (Benasque) et Azules et Sabocos, tous deux à Panticosa.
Le chercheur a cité la Basa de la Mora (Ibon de Plan) comme exemple. Son accès facile et son manque de protection le rend plus vulnérable, explique le directeur du Géoparc de Sobrarbe, Ánchel Belmonte. La politique, a dit M. Belmonte, "ne devrait pas être de simplement restreindre l'accès aux lacs, mais de les empêcher d'être considérés comme "piscine d'eau douce de haute altitude en été".

Les lacs et tourbières de haute montagne composent des paysages parmi les plus emblématiques des Pyrénées, mais représentent également des écosystèmes très sensibles au changement climatique. Pour cette raison, l'Institut Pyrénéen d'Écologie s'est proposé d'établir un réseau d'observatoires avec l'objectif de mesurer les effets de ces altérations du climat sur le territoire. 
Pour ce faire a été mis en place le projet REPLIM, financé par le Fonds Européen de Développement Régional (FEDER) et dont le chef de file est l'institut aragonais. Y collaborent déjà des chimistes, des biologistes, des géologues et des experts scientifiques de centres et d'instituts de tous les territoires pyrénéens, d'Espagne, de France et d'Andorre.

Dans le cadre des activités organisées à l'occasion du centenaire du Parc National d'Ordesa et du Monte Perdido, l'Institut d'Ecologie des Pyrénées (IPE-CSIC) organise le colloque-atelier "Recherche sur les lacs et tourbières des parcs nationaux des Pyrénées".

Une journée de diffusion scientifique ouverte aux chercheurs et universitaires ainsi qu'au grand public, au cours de laquelle seront annoncés les résultats obtenus dans le cadre du projet REPLIM (Interreg POCTEFA), qui étudie le changement climatique dans les Pyrénées à travers un réseau de surveillance des lacs et tourbières qui rassemble des organisations et centres de recherche de tous les territoires des Pyrénées.

Des recherches scientifiques pertinentes menées dans d'autres lacs et zones humides de la chaîne de montagnes seront également exposées, tant sur les versants français et espagnol qu'en Andorre.

La conférence aura lieu le mercredi 10 avril dans l'après-midi et le 11 avril au Centre des visiteurs du Parc national d'Ordesa et Monte Perdido à Torla.

Le projet REPLIM en collaboration avec la comarca du Sobrarbe et le Géoparc mondial Sobrarbe-Pyrénées de l'UNESCO organise une réunion thématique sur les lacs et les tourbières dans les Pyrénées afin d'échanger des expériences entre scientifiques, gestionnaires, utilisateurs, entrepreneurs, administrations locales et régionales et citoyens.

Le projet REPLIM du programme européen Interreg V-A Espagne-France-Andorre (POCTEFA 2014-2020) est un réseau d'observatoires des écosystèmes sensibles au changement climatique dans les Pyrénées (lacs, tourbières).

Le projet a été cofinancé à 65 % par le Fonds européen de développement régional (FEDER) dans le cadre du programme Interreg V-A Espagne - France - Andorre (POCTEFA 2014-2020)

L'objectif du POCTEFA est de renforcer l'intégration économique et sociale de la zone frontalière Espagne-France-Andorre. Son soutien est axé sur le développement d'activités économiques, sociales et environnementales transfrontalières par le biais de stratégies communes de développement territorial durable.

Au cours de ces journées, les scientifiques du REPLIM présenteront l'état des connaissances sur les lacs pyrénéens et les tourbières, leur réponse possible au changement climatique et global et les possibilités que le réseau REPLIM peut offrir aux populations des vallées pyrénéennes pour le développement durable.