Photo : Andres Olloqui et Stéphanie Lobera au poste de contrôle du tunnel
Profitons des 40 ans du tunnel de Bielsa-Aragnouet qui seront fêtés en partie ce week-end par une randonnée transfrontalière et une paëllada, pour passer en revue les principaux équipements sécurité de l'infrastructure qui a bien évolué depuis son ouverture en novembre 1976.
En ce mercredi 7 septembre, j'étais accueilli au poste de contrôle situé à l'entrée sud du tunnel par Andres Olloqui, directeur de l'exploitation et sa collègue Stéphanie, préposée à la surveillance du tunnel.
Tous deux sont employés par le Consorcio, structure de droit espagnol qui gère le tunnel et ses accès des deux côtés de la frontière.
Une troisième personne, Maria Lorenzo, qui gère les dossiers administratifs complète l'équipe qui est assistée par une dizaine d'opérateurs employés par la société Ferroser et qui interviennent sur l'infrastructure routière, l'ensemble faisant partie de l'équipe de gestion du tunnel.
Un mur de 40 écrans pour surveiller le tunnel
Lorsqu'on pénètre dans la salle de contrôle, on est tout de suite impressionné par le mur d'écran (videowall) qui garnit le fond de la pièce : pas moins de 40 écrans reliés à 65 caméras avec Détection Automatique d'Incidents (DAI). Des écrans qui suivent intégralement votre parcours de l'entrée à la sortie du tunnel et ceci dans les deux sens, si besoin; dispositif complété par 4 caméras normales dont deux qui permettent de visualiser les entrées nord et sud du tunnel et dont les images figurent sur le site internet du Consorcio
Le tout est piloté par des ordinateurs dans un dispositif de GTC (Gestion Technique Centralisée). Il est néanmoins possible, si les circonstances l'exigent, de quitter le mode automatique pour activer le mode d'intervention manuel.
Détection d'incendie grâce au Fire Laser
La préventilation mise en fonction lors du passage des poids-lourds ainsi que la ventilation sont assurées par 55 ventilateurs reliés à 5 anémomètres. Ils peuvent être commandés séparément en fonction des circonstances (flux de ventilation, pollution, départs de feu ...).
Au sol, de part et d'autre du tunnel, des gabarits détectent les véhicules dont l'empattement est supérieur à 3,40 m ce qui déclenchera la circulation unidirectionnelle.
L'alerte incendie, quant à elle, est assurée par un câble présent sur toute la longueur du tunnel et équipé d'un Fire laser qui détecte et localise de façon très fine toute anomalie (élévation anormale de température) survenant sur le dispositif.
Le tunnel est équipé de 15 points d'eau pour les pompiers. Ils sont reliés sous pression de 6 bars à un réservoir de 120 000 litres.
13 armoires électriques complètent le dispositif.
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Des infrastructures conséquentes
3 locaux techniques pilotent l'ensemble : le poste de contrôle principal, situé à l'entrée sud du tunnel, le poste situé côté Nord où il n'y a pas de présence permanente mais qui peut prendre le relais en cas de problème et enfin un local technique situé à l'ancien bâtiment des douanes espagnoles où sont notamment remisés les chasse-neige et tout le matériel de déneigement.
Concernant les interventions hivernales, c'est, jusqu'à présent, RTM (Restauration des terrains en montagne, branche de l'ONF) qui intervenait pour le déclenchement des avalanches via Gazex ou héligrenadage.
Il passe en moyenne par le tunnel et dans les deux sens environ 950 véhicules par jour dont 12 à 20 la nuit entre 22h et 6h du matin. Compte-tenu du faible trafic nocturne, il a été décidé que la circulation serait unidirectionnelle la nuit et il n'a pas été jugé nécessaire de maintenir une présence humaine au poste de contrôle sur ce créneau horaire. L'employé de surveillance sous astreinte peut cependant être joint pendant cette période et intervenir à distance en prenant la main, depuis chez lui, sur les ordinateurs du centre pour régler l'incident qui aurait été détecté par le DAI. Il se déplacera, bien sûr, en cas de problème important, ainsi que l'équipe de première intervention d'astreinte.
Le dispositif de panneaux lumineux à l'intérieur du tunnel est complété par une radio dédiée qui peut véhiculer des messages de prévention ou d'alerte, si nécessaire (FM 92.3 pour la France)
Tous ces éléments de sécurité et le dispositif de directionnalité variable, unique en Europe, ont permis (21millions d'euros sur la dernière tranche de travaux) de maintenir le tunnel ouvert alors qu'il n'est pas équipé d'une galerie d'évacuation, comme les normes actuelles l'imposeraient.
Pour conclure sur cet important chapitre de la sécurité, il est prévu d'organiser, avant la fin de l'année, un exercice commun de secours franco-espagnol associant les autorités espagnoles et aragonaises aux services de l'État et du Conseil départemental des Hautes-Pyrénées.
Le risque 0 n'existe pas, notamment dans ce type d'infrastructure mais disons que l'ensemble des moyens mis en oeuvre au niveau du tunnel devrait permettre de circonscrire tout incident.
Vous pourrez compléter ces informations et appréhender, par vous-mêmes, la potentialité du dispositif en vous rendant à une des visites organisées pour le grand public à l'occasion des 40 ans du tunnel le 21 septembre (15 – 18 h) et le 5 octobre 2016 (15 – 18 h) au poste de contrôle à l'entrée sud du tunnel. Elles seront suivies d’une visite au Musée de Bielsa.
Inscription au préalable 48 h. avant.
Pour ce faire, contacter le Consorcio, ou bien les Offices de Tourisme de Bielsa, Aragnouet et Saint-Lary Soulan.
Plus festive et très symbolique, n'oubliez pas non plus, ce samedi, la randonnée transfrontalière organisée par le Consorcio.
Les travaux menés actuellement sur le Pont d'Aguesseau à la sortie Sud de Saint-Lary Soulan sur la RD 929, s'intègrent également dans le projet européen SECURUS 2, dispositif POCTEFA 2014-2020, financé par le FEDER à hauteur de 65%.